Les nourritures affectives
Il y a quelque temps, j’ai demandé à Flo, une nouvelle amie (qui lit aussi) quel était son livre préféré pour me donner des idées de lecture. Sa première réponse a été « le petit prince ». Excellente réponse mais l’ayant déjà lu (plusieurs fois et toujours avec plaisir d’ailleurs), elle m’a parlé de « sous le signe du lien » de Boris Cyrulnik, mais ne le retrouvant plus elle a proposé de me prêter « les nourritures affectives » du même auteur.
Celui-ci est psychiatre et psychanalyste. Il a fait des recherches sur l’éthologie, l’étude du comportement de diverses espèces animales qu’il étend au comportement humain.
J’avoue, j’ai eu quelques difficultés au début du livre à m’imprégner de la pensée de Boris Cyrulnik. Il m’a fallu souvent relire le même paragraphe deux fois pour en comprendre le sens (!). J’étais très contente quand j’arrivais à lire 4 pages sans retour en arrière ! J’ai eu également recours au dictionnaire une dizaine de fois sur l’ensemble du livre. JP a lu une page au hasard et a reposé le livre tout de suite...
Il faut croire qu’au fil des pages, mon attention ou mon appréhension s’est améliorée car j’ai réussi à lire la deuxième moitié du livre sans relire les paragraphes… Youpi !!
Je vais donc en venir après ce petit préambule au sens du livre.
Voici déjà la présentation de l’éditeur :
Pourquoi et comment tombons-nous amoureux ? A quoi rêvent les foetus ? La violence est-elle nécessaire ? Ce livre examine, depuis le stade foetal jusqu'à la vieillesse, les pathologies affectives qui sont à l'origine des troubles de la socialisation des individus et donc des maux les plus flagrants de nos sociétés : violence, racisme, déviances juvéniles, transgressions sexuelles, etc. Il montre en particulier comment la promiscuité ou l'absence provoquent la fusion ou la carence affective, empêchent les individus de socialiser leurs émotions dans des rituels et les poussent au passage à l'acte.
Boris Cyrulnik reprend donc le parcours de l’être humain du fœtus à la vieillesse (en faisant quelques comparaisons avec les animaux) et démontre l’importance du lien (affectif, émotionnel, relationnel) et des rites (ensemble d’usages permettant aux individus de faire partie d’un groupe) pour devenir un être sain et équilibré.
Ce livre a fait me poser des questions dont je n’avais jamais eu l’idée auparavant : Est-ce que le fœtus pense et à quoi ? A qui appartient l’enfant ? Quelle conséquence peut avoir la « déparentalisation » des pères ? …
Il y a également tout un chapitre sur l’inceste mère/fils qui m’a fortement interpellé à tel point que j’en ai parlé brièvement avec mon fils.
J'ai parlé également avec un collègue (sur la question de l'appartenance) parce qu'il y a tout un chapitre sur les personnes nées sous X ou sans passé.
Petit extrait : "Il faut donc appartenir. n'appartenir à personne c'est ne devenir personne. Mais appartenir à une culture, c'est ne devenir qu'une seule personne. On ne peut pas devenir plusieurs personnes à la fois sauf à connaître des troubles d'identité qui compromettent son insertion dans le groupe."
Enfin, voilà. Le savoir de l’auteur est énorme et je me demande même comment il peut connaître et interpréter autant de comportements animaux… et arriver à les comparer avec ceux de l’homme.
C’est un livre déroutant et inclassable...
La prochaine fois, je m’y reprendrai à deux fois avant de demander le livre préféré de mes amies… ;)